D'abord, il sont venus tels des explorateurs,
Boire l'azur, dans l'océan vert des tropiques,
Mesurant mon espace, évaluant sa grandeur,
Ils étaient là avec des appareils photographiques.
Ne jugeant pas de menaces, aux premiers instants,
Par la frasque outrageante, de ces pâles visages,
Ni le péril, sur l'infini végétal s'immisçant,
Placide, je suis resté caché sous le feuillage.
Le jour d'après, sans vergogne, ni scrupule,
Ils sont revenus, plus hostiles et plus amers,
Certains, se déplaçant avec des véhicules,
D'autres, manœuvrant, d'énormes bulldozers.
Vrombissement, infernal, de leurs machines,
L'enfer chaque instant, met fin à mon paradis,
Par la main humaine, qui viole et assassine,
Déshabillant le végétal, de son manteau de vie.
Sous l'assaut ciblé, des coups assénés,
Ces hauts piliers, de bouquets verts,
Nus, agonisent de la terre, déracinés,,
Sur un terrain vague, désormais à ciel ouvert.
Funeste sacrilège, dévorant la nature,
Sauvagement, ont détruit mon habitat,
Exterminant, jusqu'au brin de verdure,
Laissant un sol accidenté, jonché de gravats.
Mes bonds, mes tumultes, ma colère aussi,
N'ont pas suffi, à barrer le geste brutal.
Ils ont atteint, ma congénère et mes petits.
Dans l'extinction, de mon berceau vital.
Ils ont annihilé ma vie écrasé; mon bonheur.
Macabre besogne, leurs actes criminels,
Plus l'ombre d'un arbre, le charme d'une fleur,
Seule une terre meurtrie, vidée de son essentiel.
Ô colère ! blessures et sang versé,
Éclats de carnage, massacres, forfaits,
Sans pitié ! ma vie qu'ils ont fracturée !
Et pourtant moi, je ne leur ai rien fait.