jeudi 30 mars 2017

LA FONTAINE DU NAINGRECOURT



J'emprunte le long chemin solitaire,
Bordé de broussailles et sobres taillis
Le sol gravillonné s'élance linéaire,
Vers le silence des vertes prairies.

Cheminant sous le frisson printanier,
Dans les herbes, le pied prés des fleurs
Je me gave de son bienfait particulier,
M'invitant dans son festin de douceur.

En contrebas, immobile sur le végétal
L'antique apparaît et son petit bassin.
Une borne à goulot se dresse horizontal,
D'où jaillit étroit et pur un jet cristallin.

Son charme est désuet, sa pierre érodée
Et sa limpidité une eau ferrugineuse,
Frappe dans sa chute infiniment répété,
La dalle par le temps écorchée et rugueuse.

Nul trouble l'écoulement de son filet,
Seul le souffle d'une bise assidue,
Interrompt parfois, son fidèle trajet
Allant heurter la margelle usée et fendue.

Elle est là, isolée au milieu du temps,
Offrant la virginité de sa fluidité.
Par les saisons, de l'été au printemps,
Jamais l’écho de son clapotis n'a cessé.

                                    (Fontaine du Naingrecourt Bulgneville)

                                            M. PIERRON



vendredi 3 mars 2017

SILENCE




Je bois le silence de ta lèvre muette,
Alignée, fine frémissante dans l'onde,  
Discrète, en légers sourires me jette,
L'éclat de ta joie ivre et féconde.

Sous le reflet de ta longue chevelure,
Pas un mot sur ta bouche silencieuse,
Ni la note tendre d'un petit murmure,
Dans ta voix chaude est chaleureuse.

L'océan mystérieux de ton regard,
Me noie dans l'intimité de son désir,
Aucun son n'ose triste ou hagard,
Troubler ses doux instants de plaisirs.

Sur ton visage, la beauté s'appuie,
Excellant fragile, son trait mirifique,
Quand le charme abandonne sur tes plis,
Sa subtile vertu et son soupir extatique.

Ton sein silencieux, que je butine,
M'offre un festin délicat et somptueux,
Quand le silence sur ta lèvre domine,
Et que s'éteint la paupière de tes yeux.


                             M. PIERRON